Marseille : l’Estaque, ce quartier secret entre mer et collines qui fait craquer les amoureux de calme

Parfois, il suffit d’un simple détour hors des sentiers battus pour tomber amoureux d’un lieu. L’Estaque, quartier perché au nord-ouest de Marseille, fait exactement cet effet. Entre la mer et les collines, ce petit coin du 16e arrondissement, souvent éclipsé par le tumulte du centre-ville, a pourtant tout d’un trésor caché. Ici, le temps semble ralentir.

On sent encore les parfums de tuiles chaudes et de peinture fraîche dans l’air, comme si Cézanne ou Braque étaient passés dans la rue juste avant nous. Mais ce n’est pas un musée à ciel ouvert figé : c’est un quartier vivant, coloré, qui a su garder son âme malgré les transformations.

L’histoire singulière d’un village de pêcheurs devenu quartier ouvrier et refuge d’artistes

Ce qui frappe à L’Estaque, c’est ce mélange permanent entre simplicité populaire et souffle artistique. À la base, c’était un village modeste, où l’on vivait de la pêche, de l’argile et des fours à tuiles. Rien de glamour. Et puis, l’industrialisation est arrivée, transformant le hameau en zone ouvrière. L’ambiance a changé, mais l’authenticité est restée.

Et puis, comme souvent à Marseille, l’art s’est invité dans la banalité du quotidien. Cézanne, Braque, Dufy, Derain… Ils sont tous venus chercher ici ce que Paris n’offrait pas : la lumière brute, les couleurs vives, l’intimité d’un coin de mer loin du brouhaha. On les comprend.

Un décor de carte postale entre collines calcaires et horizon marin

Quand on se promène à L’Estaque, difficile de rester insensible. La lumière glisse sur les façades pastel, le mistral souffle juste ce qu’il faut pour rappeler qu’on est en Méditerranée. Et cette vue sur la baie de Marseille depuis les hauteurs ? C’est un bijou. Le contraste entre les ruelles escarpées et les grandes ouvertures sur la mer donne au quartier une allure de tableau vivant.

Le relief y est très marqué : d’un côté, les collines de la chaîne de l’Estaque ; de l’autre, la mer et les quais. Ce cadre naturel agit comme un cocon. Il protège le quartier du mistral et lui offre un microclimat idéal. Pas étonnant que des résidences secondaires s’y soient installées dès le XIXe siècle.

L’Estaque aujourd’hui : un quartier vivant aux multiples facettes

Ce que j’aime à L’Estaque, c’est qu’on passe sans transition d’un cabanon ouvrier à une bastide bourgeoise, d’un petit resto de poissons à une galerie d’art. Le quartier n’est pas figé dans un passé glorieux : il vit. Il évolue. Des projets urbains fleurissent un peu partout, sans effacer l’histoire. L’ancien et le neuf cohabitent, comme les pêcheurs et les artistes.

On y trouve même un port de plaisance, une gare, des lignes de bus et un tissu associatif dynamique. Un vrai quartier marseillais, quoi, avec ses contrastes, ses caractères bien trempés, et cette douceur de vivre unique.

Une scène artistique toujours bien vivante

Ce n’est pas qu’un décor. L’âme artistique de L’Estaque est toujours bien présente. Des ateliers, des expos, des parcours culturels rappellent l’âge d’or des peintres, mais aussi l’envie actuelle de continuer à faire vivre cette tradition. C’est à la fois une mémoire et une promesse.

Il y a quelque chose de très inspirant dans le fait de marcher sur les pas de Cézanne tout en croisant un street-artiste en plein travail sur un mur décrépi. L’Estaque regarde vers le passé, oui, mais elle ne cesse jamais d’inventer le présent.

Une destination touristique pas comme les autres

Les touristes ? Ils viennent, oui. Mais ici, pas de boutiques attrape-touristes ni de foule étouffante. Ceux qui poussent jusqu’à L’Estaque cherchent autre chose : de l’authenticité, de la tranquillité, de la bonne bouffe (panisses et chichis, évidemment) et une ambiance marseillaise sans artifices.

C’est un coin idéal pour un week-end au calme, les pieds dans l’eau, le regard sur les collines. Et si vous y allez en bateau, c’est encore plus magique.

L’Estaque, entre préservation et avenir

Ce qui est touchant à L’Estaque, c’est son équilibre fragile. Le quartier avance, oui, mais avec conscience. On parle de reconversion de friches industrielles, de projets culturels, de dynamisation économique… mais toujours avec cette volonté de préserver ce qui fait son âme.

L’Estaque n’a pas vocation à devenir un quartier chic, lisse, gentrifié. Ce serait trahir son ADN. Son avenir repose sur cet art subtil de conjuguer le passé, le présent et les rêves d’un futur à échelle humaine.

Alors si vous passez par Marseille, sortez un peu du centre. Montez vers L’Estaque. Marchez. Respirez. Laissez-vous prendre par ce charme brut. Vous verrez, ce coin-là, on ne l’oublie pas.

Dorine Alanoix

Dorine Alanoix

Je parcours le monde avec panache et envie ! J'aime découvrir de nouvelles cultures et partager mes expériences avec vous !